Certaines personnes développent très tôt des mécanismes de survie face aux blessures d’enfance. Ces stratégies, bien qu’efficaces à court terme, peuvent toutefois freiner l’épanouissement à l’âge adulte. En comprenant ces cinq mécanismes essentiels, il devient possible de les dépasser pour retrouver estime de soi et sérénité.
Par ailleurs, il est important de noter que ces comportements trouvent souvent leurs racines dans une sensibilité accrue à l’ambiance émotionnelle autour d’eux. Ainsi, beaucoup perçoivent les émotions des autres avant même que celles-ci ne soient exprimées clairement. Ce phénomène s’accompagne souvent d’un sentiment de responsabilité vis-à-vis du bien-être de leur entourage.
Comprendre la survie face aux blessures d’enfance
Les blessures de l’enfance — souvent invisibles — résultent de besoins affectifs non reconnus, de traumatismes émotionnels ou d’un environnement instable. Pour faire face à ces difficultés, l’enfant met en place des stratégies de survie adaptées à son contexte, qui lui permettent d’assurer sa sécurité émotionnelle. Ces mécanismes ne sont pas des défauts, mais des formes d’adaptation intelligentes face à des situations douloureuses.
Toutefois, ces stratégies peuvent devenir limitantes à l’âge adulte. Elles génèrent souvent une faible estime de soi, une tendance à s’oublier au profit des autres, ou encore une peur profonde du rejet ou de l’abandon. Les reconnaître permet d’en reprendre le contrôle.
1. L’Anticipateur·rice : capter avant que ça n’éclate
« Si je ressens ce dont tu as besoin avant même que tu ne le dises, tu ne me rejetteras peut-être pas. »
Ce type de personne développe une hypervigilance émotionnelle. En grandissant dans un environnement où la stabilité émotionnelle des adultes était fragile, anticiper les besoins des autres devient un moyen de prévention. Cette stratégie de survie consiste à percevoir les silences, les regards ou les gestes pour éviter les conflits ou le rejet.
À court terme, cette capacité d’anticipation est un atout, mais elle conduit souvent à un épuisement émotionnel, car la personne se met en posture d’hyper-contrôle et oublie ses propres besoins.
2. L’Apaisant·e : calmer pour rester en sécurité
« Si je peux te calmer, alors je me sentirai en sécurité. »
Cette stratégie apparaît souvent chez ceux qui ont grandi avec un parent émotionnellement instable : colérique, absent ou imprévisible. L’enfant apprend alors à jouer le rôle de médiateur, à éteindre les tensions avant qu’elles ne deviennent ingérables.
Ce mécanisme peut faire de la personne un pilier dans ses relations, mais au prix d’un oubli de soi profond. Elle évite les conflits, s’excuse pour les autres, et s’épuise en essayant de maintenir la paix.
3. Le Caméléon : s’adapter pour être aimé·e
« Si je deviens ce que tu attends de moi, tu ne m’abandonneras peut-être pas. »
Le caméléon est celui ou celle qui masque ses véritables émotions ou sa personnalité pour correspondre aux attentes des autres. Enfant, il a appris que certaines parties de lui n’étaient pas acceptées, et que pour recevoir de l’amour, il fallait se conformer.
Cette stratégie de survie permet d’éviter le rejet, mais entraîne souvent un questionnement profond à l’âge adulte : « Qui suis-je vraiment ? » La difficulté est alors de retrouver son identité authentique.
4. Le Pilier Émotionnel : rester fort·e pour ne pas craquer
« Si je reste fort·e pour tout le monde, peut-être que je garderai le contrôle. »
Dans un environnement où les adultes étaient absents ou débordés, l’enfant a dû prendre en charge une partie des responsabilités émotionnelles. Il devient le point d’ancrage, celui ou celle sur qui on compte.
Cette force apparente masque souvent une peur profonde de l’effondrement et un immense besoin de soutien. Le pilier émotionnel doit apprendre à lâcher prise et à se laisser épauler pour préserver sa santé mentale.
5. Le·la Discret·ète : se faire petit·e pour survivre
« Si je me fais tout petit·e, peut-être que je resterai en sécurité. »
Se faire discret·ète est une stratégie de survie développée par ceux qui ont appris très tôt que leurs émotions ou besoins étaient perçus comme trop envahissants. En s’effaçant, ils évitent la colère, le rejet ou l’humiliation.
Ce mécanisme protège, mais empêche souvent la personne de s’affirmer et d’exister pleinement. Il est essentiel de réapprendre à prendre sa place dans le monde.
Comment dépasser ces stratégies de survie face aux blessures de l’enfance ?
Reconnaître ces stratégies est le premier pas vers la guérison. Souvent, il s’agit de mécanismes profondément ancrés, qui peuvent être déconstruits avec l’aide d’un professionnel.
Des approches comme l’EMDR (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires), la thérapie cognitive comportementale ou la psychothérapie analytique aident à comprendre ces schémas et à les transformer. L’objectif est de retrouver une relation saine avec soi-même, renforcer son estime de soi, et établir des liens équilibrés avec les autres.
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Pour approfondir, consultez les ressources de INSERM sur les traumatismes infantiles.
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Découvrez aussi les thérapies EMDR sur le site de EMDR France.
À propos de l’auteur
La Dr Pauline Chiarizia est psychologue spécialisée dans les traumatismes émotionnels liés à l’enfance et aux troubles du comportement alimentaire. Elle propose des thérapies en ligne, notamment l’EMDR, pour aider à sortir des schémas de souffrance, renforcer l’estime de soi, et reconstruire un lien apaisé avec son corps et ses relations.