La honte est une émotion puissante qui peut s’installer profondément chez les personnes ayant vécu un traumrisme. Surmonter la honte est une étape essentielle pour retrouver confiance en soi et avancer vers la guérison. Dans cet article, nous explorerons ce qu’est la honte, comment elle se manifeste après un traumatisme, et surtout, comment apprendre à la dépasser pour mieux se reconstruire.
Qu’est-ce que la honte et pourquoi survient-elle ?
La honte est différente de la culpabilité. Alors que la culpabilité concerne une action précise (« j’ai fait une erreur »), la honte touche à l’identité même (« je suis une mauvaise personne »). Après un traumatisme, cette émotion peut devenir envahissante et affecter la manière dont une personne se perçoit.
On distingue souvent deux formes de honte :
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La honte interne, qui provient de croyances négatives sur soi-même. Par exemple, se sentir fondamentalement défectueux ou indigne.
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La honte externe, qui vient des jugements ou des attentes des autres. Le regard des autres peut renforcer ce sentiment de honte intérieure.
Chez les survivants de traumatismes, ces deux formes sont souvent liées et s’amplifient mutuellement. La stigmatisation sociale, la peur d’être jugé, ou le sentiment d’incompréhension peuvent renforcer la honte intérieure.
Pourquoi la honte persiste après un traumatisme
Le traumatisme bouleverse souvent le sentiment de contrôle et la sécurité intérieure. Cette perte peut provoquer une réaction d’auto-culpabilisation, où la personne se blâme pour ce qu’elle a vécu, même si elle n’en est pas responsable.
De plus, les réactions émotionnelles et physiologiques liées au traumatisme peuvent entretenir un état d’alerte constant ou d’engourdissement, ce qui contribue à renforcer la honte. Il devient alors difficile de dissocier ce que l’on ressent de sa propre valeur en tant que personne.
Ce cycle de honte peut paraître impossible à briser, mais il est important de savoir qu’il existe des moyens efficaces pour surmonter cette émotion.
Comment surmonter la honte : 5 étapes clés
1. Reconnaître sa honte
La première étape est d’identifier la honte lorsqu’elle se manifeste. Nommer ce que l’on ressent permet de diminuer son emprise. La honte aime le silence et l’isolement. En la reconnaissant, vous lui retirez son pouvoir.
Rappelez-vous que la honte est une émotion, pas une vérité sur votre valeur. Apprenez à vous observer avec compassion, sans jugement.
2. Comprendre l’origine de la honte
Essayez de réfléchir à ce qui déclenche votre honte. Est-elle liée à un événement précis, à un jugement extérieur, ou à une croyance négative profondément ancrée ?
Cette prise de conscience vous aidera à dissocier votre identité de ces sentiments. Vous verrez que la honte est souvent une réaction à des facteurs extérieurs et non une réalité personnelle.
3. Apprendre à gérer ses émotions
La maîtrise émotionnelle est essentielle pour ne pas se laisser submerger. Pratiquez des techniques comme la respiration profonde, la méditation ou la pleine conscience.
Ces outils vous aident à calmer votre esprit et votre corps. Ils vous permettent d’observer vos émotions, y compris la honte, sans être dominé par elles.
4. Poser des limites avec les personnes toxiques
Certaines personnes ou situations peuvent raviver votre honte. Apprenez à identifier ces déclencheurs et à fixer des limites claires.
Exprimez vos besoins calmement et fermement. Si une relation vous nuit constamment, il est parfois nécessaire de réévaluer sa place dans votre vie. Votre bien-être doit rester une priorité.
5. Remettre en question les pensées négatives
Quand la honte se manifeste, elle s’accompagne souvent de pensées autocritiques. Apprenez à les questionner : « Qui décide de ma valeur ? » ou « Est-ce juste de me blâmer alors que j’ai fait de mon mieux ? »
Cette remise en question ouvre la porte à une relation plus saine avec vous-même. Elle vous aide à cultiver l’acceptation et la bienveillance envers vos erreurs ou vos vulnérabilités.
Pourquoi surmonter la honte est crucial pour la guérison
La honte est souvent une barrière invisible qui empêche de demander de l’aide ou de parler de ce que l’on a vécu. Elle peut isoler les survivants de traumatismes et les empêcher de construire des relations saines.
En apprenant à surmonter la honte, on ouvre la voie à une meilleure compréhension de soi et à une plus grande résilience émotionnelle. Cela permet aussi de briser le cycle de l’auto-culpabilisation, souvent destructeur, et de se reconnecter à ses forces et ressources intérieures.
Trouver du soutien dans la guérison
Surmonter la honte ne signifie pas que vous devez le faire seul·e. Le soutien d’un professionnel, comme un psychologue, peut être essentiel. Certaines méthodes thérapeutiques, telles que l’EMDR, sont particulièrement efficaces pour aider à traiter les traumatismes et les émotions difficiles qui y sont associées.
De plus, rejoindre des groupes de soutien peut également offrir un espace sécurisant où partager ses expériences sans jugement, renforçant ainsi le sentiment d’appartenance et diminuant la honte.
À propos de l’auteur
La Dr Pauline Chiarizia est psychologue spécialisée dans les traumatismes émotionnels, en particulier ceux liés à l’enfance et aux relations, ainsi que dans les troubles du comportement alimentaire. Elle propose des accompagnements en ligne, notamment par la thérapie EMDR, à celles et ceux qui souhaitent mieux se comprendre, sortir de schémas répétitifs, renforcer leur estime de soi, et retrouver un rapport apaisé à leur corps et à leurs relations. Elle aide ses clients à renforcer leur capacité à faire face aux épreuves, à reconstruire une relation de confiance avec eux-mêmes, et à avancer avec plus de sérénité. Son approche vise autant à apaiser les blessures du passé qu’à permettre d’être pleinement présent·e aux moments de joie et d’amour.